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Méthanisation agricole

Gaz naturel et biogaz : les frères ennemis

Le premier est un gaz. Le second aussi. Les deux partagent la même composition chimique. Et pourtant, l’un pollue, tandis que l’autre est vert. Comment peut-on se ressembler à la fois autant et si peu ? Explications, avec chiffres et preuves à l’appui.

Le gaz “naturel” : une énergie polluante qui vient des profondeurs…

Comme le pétrole ou le charbon, le gaz naturel est un produit fossile naturellement contenu dans le sous-sol. Hautement inflammable, ce gaz peut facilement être transformé en source de chaleur - et donc, d’énergie.

Déjà plusieurs siècles avant notre ère, les Chinois creusaient des forages pour alimenter des chaudières ou des éclairages urbains. Depuis, le gaz est devenu si commun qu’il assure 23% de la consommation mondiale d’énergie. 

Les principaux pays gaziers sont les Etats-Unis et la Russie, couvrant à eux seuls 40% de la production mondiale. Ils sont suivis d’assez loin par des pays tels que l’Iran, la Chine, le Qatar ou encore le Canada. Quant à la France, les gisements de gaz naturel y sont négligeables.

De ces premiers éléments nous pouvons déjà déduire que le gaz naturel pose quatre problèmes : 

  • Pour l'extraire du sous-sol, nous devons passer par des procédés complexes et polluants, comme la fracturation hydraulique. 

  • En France, le gaz doit être importé, par gazoduc ou plus souvent par bateau, ce qui pèse encore sur le bilan carbone final.

  • Plus elle consomme du gaz naturel, plus la France se place en situation de dépendance vis-à-vis des pays producteurs - même quand ils ne sont pas des alliés politiques. 

  • Enfin, le gaz naturel n’est pas une énergie renouvelable. Les réserves disponibles diminuent rapidement et, si les estimations diffèrent, la plupart des experts s’accordent à dire que le “pic du gaz” devrait arriver dans quelques années, tandis que l’épuisement complet reste attendu dans quelques décennies.

Un pipeline de gaz naturel : pas si bucolique…

Un pipeline de gaz naturel : pas si bucolique…

Le biogaz : une énergie renouvelable et fabriquée par l’humain…

Le biogaz, c’est un peu la même chose, et tout le contraire en même temps. En effet, le biogaz est produit grâce aux fermentations de matières organiques, à l’intérieur de grosses cuves fermées qu’on appelle “digesteur” ou “méthaniseur”.

En France, il existe aujourd’hui 1400 méthaniseurs. La plupart transforment des déchets d’origine agricole (végétaux ou déjections animales) et 47% d’entre eux sont directement détenus par des agriculteurs. D’autres méthaniseurs valorisent les biodéchets produits par les habitants (restes de cuisine, jardinage, etc.) ; par exemple, à Lille, le réseau de bus fonctionne en grande partie grâce au gaz produit par la décharge !

En France, il existe aujourd’hui 1400 méthaniseurs. La plupart transforment des déchets d’origine agricole (végétaux ou déjections animales) et 47% d’entre eux sont directement détenus par des agriculteurs. D’autres méthaniseurs valorisent les biodéchets produits par les habitants (restes de cuisine, jardinage, etc.) ; par exemple, à Lille, le réseau de bus fonctionne en grande partie grâce au gaz produit par la décharge !

Si le biogaz peut servir de carburant, il peut aussi simplement être injecté dans le réseau de gaz urbain pour alimenter les chauffages domestiques et les gazinières. C’est par exemple ce que fait la ville de Dijon, qui vient de terminer la construction d’un méthaniseur devant alimenter 4000 foyers. Sauf qu’ici, le biogaz n’est pas issue de déchets agricoles mais des eaux usées de la ville !

En fait, c’est tellement facile et sûr de produire du biogaz qu’il est possible d’en produire chez soi, via de petits méthaniseurs domestiques. Avec 2 kilos de déchets, ces appareils peuvent alimenter une cuisinière à gaz pendant 2 heures complètement gratuitement !

Dans les pays du Sud, ces technologies ont été promues par les États comme les ONG. Au Népal, il existerait 25 000 biodigesteurs domestiques ; au Népal, déjà 150 000 !

Ainsi, face au gaz naturel, le biogaz présente beaucoup d’avantages : il est facile à produire, il renforce notre indépendance énergétique, il valorise nos déchets, et surtout, il est beaucoup moins polluant… Encore que ce dernier point dusse être expliqué.

Un kilo de méthane, un kilo de biométhane : qui pèse le plus lourd ?

Avant d’être utilisés, le gaz naturel comme le biogaz sont toujours purifiés. De cette opération résulte un gaz très largement composé de méthane. Si la composition chimique est identique dans les deux cas, le méthane issu du biogaz est parfois nommé “biométhane” pour en rappeler l’origine.

Mais une question se pose : si dans tous les cas, nos véhicules et nos gazinières brûlent du méthane, comment expliquer que la combustion de l’un produirait “10 fois moins de CO2” que la combustion de l’autre ?

En fait, toute la différence tient à l’origine du gaz. Nous l’avons dit, le gaz naturel est particulièrement polluant dans sa phase d’extraction puis d’importation. Mais surtout, le gaz naturel est le résultat d’un processus long de centaines de millions d’années ; comme le pétrole ou le charbon, c’est une substance qui n’aurait jamais dû quitter les entrailles de la Terre - et surtout pas à ce rythme effréné.

Au contraire, quand il est consommé, le biogaz émet seulement le carbone qui fut stocké dans les déchets animaux ou végétaux. Rien ne se perd, rien ne se crée ; le biogaz est donc considéré comme neutre en C02.

Y’a de l’eau dans le gaz (naturel) !

Le biogaz est encore marginal en France. Pourtant, face au défi du réchauffement climatique et celui posé par la crise énergétique, les choses pourraient changer rapidement. France Gaz (la voix de l’industrie gazière)  a très récemment proposé de doubler les objectifs nationaux de production, visant 20% de gaz renouvelable avant 2030.

L’ADEME, elle, estime qu’il est réaliste d’imaginer à l’horizon 2050 une France où 100% du gaz serait d’origine renouvelable.

Certains parlent déjà de “révolution gazière” : le terme ne semble pas exagéré. Rendez-vous dans quelques années.


Sources :

  • Universalis, entrée : GAZ NATUREL

  • Ministère de la transition Écologique, Chiffres clés de l'énergie ÉDITION 2021

  • Production mondiale de gaz naturel, Planète Energies, 25 août 2022

  • Les données de la méthanisation en France, Chambres d’agriculture France, 2022

  •  Olivier Ducuing, Lille fait tourner ses bus à plein biogaz, Les Echos, 29 mai 2020

  • metropole-dijon.fr

  • Sortir du nucléaire n°55, Le biogaz domestique : accès à l’énergie et écologie, 2012

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Publié le 20 avril 2023

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