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Réchauffement climatique : à quoi ressemblera la France dans 100 ans ?
« No future ! » Avant, c’était le slogan des punks. Maintenant, c’est celui des jeunes raisonnables et bien peignés. L’autre soir au bar, mes amis clamaient à l’unisson que tout était fichu. Que dans cinquante ans, la France serait un désert. Par conséquent, ne faisons plus d’enfants – quel monstre jetterait des innocents dans l’enfer du rôtissoire terrestre ? De mon côté, ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que les prévisions les plus pessimistes font état d’un réchauffement climatique de 4° à 7° d’ici 2100. Bien sûr un tel changement, si rapide, va bouleverser tout l’écosystème… Il y aura de la casse. Mais est-ce pour autant l’apocalypse ? Il faut dire que certains experts n’hésitent pas à l’affirmer – dans un style biblique rutilant. L’année dernière, une étude australienne évoquait la “fin de la civilisation” pour… 2050 ! Yves Cochet (ex-député européen) va plus loin en estimant, à la même échéance, “une chance sur deux que l’humanité n’existe plus”. Mais ces pronostics sont-ils vraiment sérieux ? J’ai décidé d’enquêter. De recouper les sources. Et de savoir à quoi pourrait vraiment ressembler la France dans les décennies à venir…
Un climat plus violent
Sur ce point, tous les experts semblent d’accords. Les événements extrêmes devraient être plus nombreux, et plus durs.
Par exemple, d’ici 2070, une étude de l’Agence Européenne pour l’Environnement prévoit deux à trois fois plus de fortes pluies dans le triangle Dijon-Lyon-Valence ; avec, comme conséquences, des crues et des inondations.
Dès 2050, les vagues de chaleur seront deux fois plus nombreuses sur l’ensemble du territoire, avec des pics pouvant atteindre 50° par endroits. Idem pour les sécheresses. Elles n’auront pas lieu tous les huit ans, comme aujourd’hui, mais tous les deux ou trois ans, notamment dans la région de Perpignan et de Toulouse. Les feux de forêts, quant-à-eux, ne seront plus cantonnés dans le Sud mais pourront toucher le Centre et même la Bretagne.
Les littoraux ne sont pas forcément protégés. En effet, depuis cinquante ans, les épisodes climatiques violents ont doublé sur la côte méditerranéenne ; la température de la mer augmente trop vite, générant plus d’évaporation, plus de pluies, et donc, plus de tempêtes…
Selon mes amis : la Sologne dans 100 ans.
La montée des mers
Là encore, le scénario semble inéluctable. Depuis le début de l’ère industrielle, le niveau de la mer a déjà augmenté de 20 centimètres. Même les scientifiques les plus optimistes pensent que le niveau devrait encore monter d’un mètre supplémentaire d’ici 2100. En conséquences, des villes seront submergées.
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La transformation des paysages
La carte des climats devrait se décaler vers le Nord. Ainsi, d’ici quelques décennies, le climat toulousain pourrait être celui du Val-de-Loire, tandi que les marseillais s’habitueront aux températures espagnoles. Les pins maritimes pourraient remonter jusqu’à Paris, tandis que nos chênes auront bien du mal à s’habituer…
Le réchauffement devrait aussi rebattre les cartes de l’agriculture. Catastrophe pour certains, aubaine pour les autres… Le goût du vin de Bordeaux pourra s’obtenir vers la Bretagne, tandi que le champagne devra se faire en Alsace, voir au Royaume-Uni. Dans le Sud du pays, surtout, il faudra développer de nouvelles cultures, abandonner le maïs (plante tropicale trop gourmande en eau) et trouver des semences résistantes aux sécheresses.
Enfin, pour les stations de ski, l’avenir s’annonce assez sombre. Les stations de basse et de moyenne altitude devront sans doute fermer, faute de neige…
Les risques politiques
En fait, grâce à la variété de ses climats et de ses paysages, on peut dire que la France s’en sortira mieux que le reste du monde… D’autres continents seront plus sévèrement touchés : la Banque Mondiale estime que d’ici 2050, plus de 140 millions de personnes devront migrer depuis certaines régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Des tensions internationales considérables pourraient en résulter.
De même, l’UNESCO pense que les conflits pourraient se multiplier autour des ressources naturelles, notamment l’alimentation, mais surtout l’eau. L’ONG cite l’exemple de la Somalie ; en 2011, dans un contexte de guérilla, l’eau du pays est partiellement passé son contrôle militaire, avant d’être utilisée comme une arme. Malheureusement, ce genre de guerre pourrait devenir plus fréquent.
Enfin (et c’est de saison) le réchauffement climatique pourrait favoriser les futures pandémies. Comme le rappelle la Revue Médicale Suisse, un climat qui se réchauffe offre un terrain propice à la multiplication des pathogènes et des moustiques – principaux vecteurs de maladies dans le monde.
Les grandes inconnues
Bon. C’est certain : les prochaines décennies ne seront pas toutes roses.
Pour autant, il ne faut pas croire que la messe est dite. Beaucoup de surprises nous attendent… La science climatique est difficile ! Elle peut se tromper, ou simplement, passer à côté de paramètres importants. Par exemple, nous venons de mentionner le problèmes des sécheresse au Sahel. Sur ce sujet, la climatologue Françoise Vimeux rappelle que ces prédictions sont fragiles :
“Il existe beaucoup d’incertitudes ; les modèles sur les cycles de pluie, par exemple, sont incertains. »
De même, le réchauffement devrait avoir des conséquences inattendues… Pour le meilleur et pour le pire. L’un des sujets les plus difficile à prévoir concerne “les boucles de rétroactions”, autrement dit, des cercles vicieux… ou vertueux.
Certaines boucles sont très inquiétantes. Par exemple, plus les océans se réchauffent, plus ils émettent de la vapeur d’eau, qui est un gaz à effet de serre – accélérant donc le réchauffement des océans…
Ce que l’on sait moins, c’est qu’il existe aussi des cercles vertueux. Léo Grasset (de la chaîne Dirty Biology) mentionne le cas des bactéries océanique, dont les rejets d’aérosols contribuent à la formation de nuages, qui eux-même réfléchissent l’énergie solaire et donc nous protège du réchauffement. Plus l’eau des océan sur réchauffe, plus le métabolisme de ces bactéries s’accélère. C’est une boucle : le réchauffement conduit à plus de nuages, donc, à terme, moins de réchauffement…
En fait, la science climatique n’en est qu’à ses balbutiements. On découvre sans cesse de nouvelles boucles de rétroactions (positives ou négatives), et calculer les conséquences qu’elles auront les unes sur les autres s’avère aujourd’hui presque impossible. Certains scénarios, hier encore crédibles, s’avèrent finalement obsolètes. Par exemple, il y a dix ans, la communauté scientifique s’inquiétait du risque présenté par les stocks de méthane dans les glaces polaires. En se libérant, elles auraient déclenché une boucle presque inarrêtable ; on parlait, d’ailleurs, d’emballement climatique ou de “bombe méthane”. La presse annonçait la fin du monde. Et pourtant. Depuis, le risque semble s’être éloigné. Les réserves de méthane ne sont pas prêtes de fondre dans un avenir proche. Par contre, la crise du COVID a ravivé les craintes d’ordre sanitaire – car le permafrost contient des virus et des bactéries encore inconnues…
Le problème du catastrophisme
Nous l’avons vu : le réchauffement est inévitable. Il aura des conséquences très sérieuses. Pour autant, peut-on dire que la “civilisation va disparaître”, comme l’affirme le rapport australien que nous évoquions en introduction ?
En fait, cette phrase n’a pas beaucoup de sens, comme le rappelle le climatologue Jean-Pascal van Ypersele :
“Il n’y a pas une, mais des dizaines de civilisations avec des niveaux de résilience différents. »
Certaines façons de vivre, à certains endroit du globe, devront forcément changer (ou disparaître). Mais la fin de la civilisation n’est pas la fin de l’humanité.
Le problème avec ce genre d’étude, c’est qu’elles adoptent une posture catastrophiste pour “réveiller les consciences”. Pour être sûr que l’alerte soit entendue. Mais il se pourrait que l’effet inverse soit obtenu : 72% des jeunes vivent dans l’angoisse. Ils expriment leur désespoir et leur renoncement, et de plus en plus, refusent d’avoir des enfants “pour leur épargner ça”. Bref. Pour une partie de la population, la question du réchauffement climatique n’est plus intéressante – les jeux sont faits. Mais c’est faux !
À tout hasard utile, rappelons que ce rapport australien n’est pas une étude scientifique. Il s’agit d’un document produit par un think-tank. Aucun des deux auteurs n’a de formation particulière en tant que climatologue : le premier est un ancien lobbyiste des énergies fossiles, le second a fait carrière comme fabricant de tapis de yoga. Par ailleurs, l’ensemble du rapport est en fait bien moins catastrophiste que ne le laissent entendre la plupart des articles de presse – qui parfois cherchent un titre plus “choc” pour faire du clic 🙃
L’avenir n’est donc pas joué d’avance. Et si le réchauffement climatique est un défi, et s’il est possible de limiter la casse, alors il va falloir se retrousser les manches.
Si les scénarios cauchemardesques ne peuvent pas être complètement exclus, les scénarios les plus optimistes doivent aussi être mentionnés. Les énergies vertes gagnent du terrain. Pour la première fois, l’année dernière, elles sont devenues majoritaires dans le mix européen. Même la Chine, longtemps pointée du doigt, consent à des efforts énormes et pourrait atteindre la neutralité carbone en 2060.
Et puis, qui sait ce que les innovations technologiques permettront demain ? Certains scientifiques pensent qu’il sera possible de capter le CO2 de l’atmosphère. D’autres explorent de nouvelles manières de produire de l’énergie propre – c’est le cas de la fusion nucléaire, dont nous avons parlé dans un autre article…
Bref. Si nous baissons les bras, l’échec est certain. Sinon, tout reste possible !
Nous avons par ailleurs besoin de vous pour faire votre part en matière d’énergie et écologie 🌱
Et puis n’oublions pas qu’à toutes les époques, l’humanité croyait sa fin proche (qui se rappelle du 12 décembre 2012 ?). Encore aujourd’hui, une personne sur sept pense qu’elle vivra la fin du monde. Au final, le pessimisme, c’est devenu mainstream. Pour être vraiment punk, restez positifs : there is a future !
Benjamin
concepteur-rédacteur
Publié le 20 novembre 2020