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Vincent

Vincent : président, fondateur, philosophe à ses heures

Il est PDG d'Octopus Energy France. Avec lui, nous avons parlé de sa carrière, du péril productiviste et des salades de fruits. Inspirant.

Tu nous parles un peu de ta carrière avant Octopus ?

J’ai commencé ma carrière comme fonctionnaire à l’INSEE. Je faisais des statistiques, mais maintenant, on appellerait ça de la data science

Ensuite j’ai choisi de faire un grand saut pour aller dans l’industrie. Je suis donc arrivé chez EDF. À l'époque, l'entreprise voulait se diversifier et mon job était de travailler sur le développement international. Je suis allé en Ukraine, en Pologne, surtout pour voir des centrales thermiques et potentiellement les racheter. Je n’ai pas trouvé ça super épanouissant 🙂

Après j’ai travaillé sur les aspects juridiques liés à l'ouverture des marchés, puis à Londres chez EDF trading. Et j’ai passé plusieurs années chez SFR où j’occupais 90% de mon temps à gérer des conflits internes. Finalement j’ai pris mes clics et mes clacs. Ma conclusion, après toutes ces années d'expérience, c’est que les choses n’allaient pas assez vite et pas dans la bonne direction… Il existait un boulevard pour les entrepreneurs en quête de sens et d’efficacité.

Pourquoi tu t’es lancé dans le secteur de l’énergie ?

J’ai toujours suivi les développements du marché de l’énergie. Ce sont des choses auxquelles je pense depuis 30 ans ! Le climat et le CO2, ça ne date pas d’hier, on en parlait déjà dans les années 1990…

Mais les fournisseurs historiques étaient purement productivistes et ne proposaient rien sur les économies d’énergie. Ils ne voulaient pas non plus réinventer notre modèle. 

J’ai régulièrement combattu cette mentalité, même au sein d’EDF, par exemple à propos du chauffage électrique, qu’on a beaucoup poussé sans aucune réflexion parallèle sur la rénovation des bâtiments. Je considérais ça comme une aberration. Avec le temps, l’urgence climatique est devenue plus forte et plus évidente. Il fallait faire quelque chose !

Selon toi, qu’est ce qui rend Octopus nécessaire dans le contexte actuel ? 

C’est le projet qu’on porte, qui est nécessaire. On a besoin d’acteurs qui travaillent sur la sobriété, les technologies liées aux nouvelles modalités de consommation, le conseil, la capacité à nouer des relations directes avec les clients… 

Les gros acteurs ne font pas cela pour plein de raisons. Ils sont intégrés verticalement et sont fondamentalement productivistes ; ils peuvent difficilement développer des offres originales avec de la flexibilité. On a besoin d’acteurs qui secouent les choses !

Vincent, en pleine présentation

Vincent, qui prend la pose à côté d'une plante en pot.

Certains pourraient penser que, face à l’urgence climatique, on irait plus vite avec un gros monopole d’Etat…

On ne peut pas le nier : certains fournisseurs alternatifs n’apportent rien sur le marché. D’un autre côté, le monopole d’Etat n’a pas toujours été au service des consommateurs ! Même à la grande époque du dirigisme et de la planification, le but était de faire de la croissance. Par exemple, 80% des clients n’avaient aucun intérêt à choisir un contrat heures-pleines / heures-creuses : pourquoi ne les a-t-on jamais mieux conseillés ? Cela n’a pas non plus été bénéfique pour  le développement des énergies renouvelables. Il suffit de voir, actuellement, comme on s’enferme dans une vision folle qui rappelle la logique des Shadoks : “Ce n’est pas parce qu’on arrive pas à construire un EPR qu’on va pas réussir à en construit six.”

Je ne dis pas qu'il ne faut aucune régulation, bien au contraire. Mais il ne faut pas pour autant leur laisser complètement les clés, car malheureusement, l'agenda d'une entreprise publique ne coïncide pas toujours avec l'intérêt général. Cela me semble naïf de le penser

Quelles sont tes ambitions pour l’avenir d’Octopus ?

Notre force, c’est d’être structuré dans le sens inverse du modèle industriel classique : on part de la demande, puis on définit une tarification, puis on investit dans la production. C’est plus pertinent en termes d’analyse économique, et ça nous permet de savoir où faire les bons investissements.

En partant de la demande, nous fixons des priorités complètement nouvelles dans le secteur, comme la réduction de la consommation, ou l’autonomisation des territoires et des personnes. Avec la filière renouvelables, les citoyens peuvent accompagner le développement du système de production-distribution, localement. Nous voulons leur donner les moyens de le faire, leur apporter des solutions, les accompagner pour qu’ils optimisent leur consommation et que leurs factures baissent vraiment.

Octopus est là pour changer nos habitudes, nous changer nous… Pour que le monde, lui, ne change pas !

Questions bêtes et rapides

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Tu as travaillé à l’INSEE dans ta jeunesse : quelle est ta statistique préférée ?

Celle que je connais pas.

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Ton meilleur souvenir de concert ?

Barbara à Mogador. C’était il y a très longtemps, vers la fin de sa carrière, elle perdait sa voix, et pourtant…

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Une lecture que tu conseilles ?

Il faut cultiver les bases de la physique et de l’économie. Tant que tu ne maîtrises pas les deux, tu ne comprends pas le monde. Et puis, lire, c’est bien, mais c’est encore plus important de se poser des questions sur ce qu’on lit.

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Une maxime inspirante pour les générations futures ?

La connaissance, c’est de savoir que la tomate est un fruit.

La sagesse, c’est de ne pas en mettre dans la salade de fruit.

Benjamin

concepteur-rédacteur

Publié le 21 mars 2023

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