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Le vrai prix de l’énergie verte
“L’énergie verte est un luxe, elle coûte cher, elle dépend des subventions...” Au tournant du millénaire, ces critiques étaient plus ou moins fondées. Mais dans le domaine électrique, tout bouge à la vitesse de la lumière ! Sur ces dix dernières années, les prix du solaire ont été divisés par quatre ; ceux de l’éolien, par deux. À tel point que, désormais, ces deux énergies sont souvent considérées comme les moins chères de toutes. Mieux : elles font gagner beaucoup d’argent à l’Etat Français. Bref, il est grand temps de mettre nos compteurs à jour !
Combien ça coûte à produire, l’énergie verte ?
Tout au long de cet article, nous utiliserons comme unité de référence le mégawattheure, notée MWh. Pour mieux se rendre compte, notons qu’une française ou qu’un français consomme environ 2,21 MWh par an.
La question que nous allons donc nous poser est la suivante : combien ça coûte à produire, un MWh ? Et quel type de centrale produit les MWh les moins chers ?
Il se trouve que les rapports officiels de l’ADEME nous donnent des chiffres très précis concernant les centrales d’énergie renouvelable pour l’année 2023.
Pour les éoliennes en mer : le coût de production est autour des 44€ le MWh.
Pour les centrales solaires : entre 45 et 81 € le MWh.
Pour l’éolien terrestre, entre 50 et 71€ le MWh.
Pour les barrages hydrauliques : entre 70 et 90 € pour les installations de forte puissance exploitant de hautes chutes ; mais une rentabilité record pour les grandes installations au fil de l’eau, où le MWh se situe vers 30 et 50 €/MWh.
En fait, seul le biogaz (issue de fermentations de déchets organiques) s’avère moins compétitif que son homologue conventionnel, le gaz naturel (un hydrocarbure) ; le premier étant trois ou quatre fois plus cher que le second. Mais aussi 5 fois moins polluant.
L’énergie verte: une nouvelle manne pour l’Etat
L’énergie verte peut coûter de l’argent… Mais elle peut aussi rapporter beaucoup. Et c’est le cas aujourd’hui pour les contribuables français !
En effet, pour soutenir le développement de la filière, la France a mis en place le mécanisme de "Complément de rémunération", garantissant aux producteurs d’énergie verte un certain niveau de prix d'achat du MWh. Si le prix du marché devient inférieur, c'est l’Etat qui payer la différence. Mais avec la crise énergétique, et l’explosion des prix, ce sont désormais les producteurs qui reversent un surplus.
Prenons l'exemple d'une centrale solaire. Lors de la construction, le producteur et l'Etat s'engagent sur un prix de référence à 65€/MWh :
si les prix de marché sont à 45€/MWh, alors l'Etat reverse au producteur 20€/MWh ;
à l'inverse, si les prix de marché sont à 200€/MWh (ce qui était le cas en 2022), alors le producteur reverse 135€/MWh à l'Etat.
Grâce à ce dispositif, depuis 2022, ce sont pas moins de 31 milliards d’euros qui sont venus renflouer les caisses du pays. De manière ironique, selon Bercy, ce matelas budgétaire a permis de financer “très largement” le bouclier tarifaire, sans qui le prix de l’électricité aurait explosé de 120% chez les particuliers.
Comparaison avec les énergies conventionnelles
D’après la Cour des Comptes, le MWh de nucléaire coûte entre 42 et 60€ à produire - selon les méthodes de calcul. Mais nous parlons ici d’énergie produite pas des centrales déjà bien rentabilisées ; les nouvelles centrales nucléaires, de type EPR, ont des coûts de production plus élevés, de l’ordre de 120€ le MWh.
Toujours selon la Cour des Comptes, l’électricité produite par les centrales à gaz coûte entre 50 et 69 euros le MWh. Quand à l'électricité produite à partir de charbon, celle-ci n'est pas vraiment moins chère.
Ainsi nous découvrons que les énergies renouvelables sont très compétitives, et particulièrement en France, où les centrales à gaz et charbon ne servent qu’en cas d’urgence (dans le jargon, on parle de “gestion de la pointe”). En effet, 70% de notre électricité provient du parc nucléaire historique ; face à lui, nous pouvons développer un parc neuf d’énergie renouvelable pour un prix équivalent, aux alentours d’une quarantaine d’euros le MWh.
L’évolution des prix sur le long terme : une dynamique en faveur des énergies vertes
Si les énergies renouvelables coûtent aujourd’hui beaucoup moins cher qu’il y a dix ans, c’est grâce aux économies d’échelles comme aux progrès technologiques. Et tout porte à croire que cette évolution se poursuivra dans les années qui viennent - en dehors de l'hydroélectrique, où les gisements se font rares et la technologie mature.
Pour l’éolien, par exemple, le potentiel d’innovation reste important. L’ADEME estime que le prix du MWh devrait encore baisser de 25% avant 2030, puis de 20% supplémentaires entre 2030 et 2050.
Pour le solaire, le prix de l’électricité produite devrait baisser encore plus vite : de 45% d’ici 2030 et de 65% d’ici 2050. Celle-ci pourrait alors représenter, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), plus d’un quart de la production d’énergie mondiale.
D’ici quelques années, avec des prix compris entre 24 et 54 € le MWh, les énergies renouvelables seront incontestablement les plus fiables et les moins chères de toutes - rivalisant même avec le charbon.
L’énergie verte n’est plus un luxe ; c’est une évidence !
Sources :
ADEME, Coûts énergies renouvelables et de récupération en France, données 2019
Cour des Comptes, L’analyse des coûts du système de production électrique en France, 15 septembre 2021
Emilie Gautreau, Le Vrai du faux : les énergies renouvelables coûtent-elles trop cher à l'Etat ? Les éoliennes sont-elles très bruyantes ? Tuent-elles les oiseaux ?, France Info, 27 décembre 2022
Stéphane Amant, Alexandre Joly, Cyril Cassagnaud, Biométhane et climat : font-ils bon ménage ?, Carbone 4, août 2021
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Publié le 12 avril 2023